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Territoire des légendes de Gargantua

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Chaque terre bretonne possède son lot de contes et de légendes. Il fallait bien trouver des explications à l'inexplicable… : ces alignements mystérieux de mégalithes, ou encore ces « tours de passe-passe » de la mer sur la Côte d’Emeraude. Mais pas de légendes sans bretons pour les raconter, et s’ils les relatent si talentueusement, c’est sans doute qu’un jour ou l’autre ils les ont eux-mêmes expérimentées d’une certaine façon… Si les habitants ont bien sûr contribué à perpétuer ces contes traditionnels, la nature des lieux a été l’amorce et la muse.

Il faut dire qu’ici, ce n’est pas n’importe où en France ou en Europe, mais bien à l’endroit où le grand océan court le plus loin des côtes, où la terre se perd dans l’eau et où l’eau se faufile en terre, si bien que la frontière est parfois difficile à définir. Les marées rythment la vie de tout être vivant en des cycles semblables à des danses nuptiales entre terre et lune. Tour à tour les récifs et les iles se dévoilent ou se cachent tantôt si proches puis inaccessibles. L’on dirait des jeux amoureux sans fin.

Des personnages hauts en couleur ont laissé leur empreinte sur cette terre de granit : Gargantua a laissé sa trace sur cette Côte d’Emeraude. C’est déjà vers 1530 que Rabelais imagine toute une vie pour ce personnage atypique de taille, des années d’apprentissage du jeune géant jusqu'à ses aventures guerrières. C’est ainsi qu’à sa naissance, Gargantua ne pleura pas comme n’importe quel nouveau-né, mais réclama « à boire, à boire ! », si bien que Grandgousier, son père, l’entendant s’époumoner ainsi s’écria «  quel grand tu as », sous-entendu « gosier », et qu’il devint donc Gargantua (quel grand tu as). Il fallut plusieurs vaches pour rassasier sa soif.

C’est à ce géant que l’on attribue bon nombre de particularités géographiques. Natif de Plévenon, le célèbre personnage de Rabelais aurait laissé sa trace dans de multiples lieux de Bretagne, au hasard de ses explorations. Quand il lui prend l’envie de visiter Rennes, il passe par Matignon et Plancoët pour faire halte à Dinan. L’ont dit que les dinannais en accourant pour le voir lui donnèrent assez de pièces d’or pour en remplir une valise tandis qu’il se restaurait et buvait le bon cidre. En passant à Languédias, il avale des pierres sonnantes qu’il vomira plus loin, incommodé par l’odeur du poisson au Guildo. Il crée ainsi le rocher de la Héronnière à l’embouchure de l’Arguenon et les pierres sonnantes de la Goule d’enfer. Ainsi une multitude de rochers seraient là de son fait, tantôt jetés, tantôt vomis, tels les pointes de la Garde et du Bé, le rocher du Bécrond et celui du Canevet, ainsi que les deux feuillatres. Toujours sur la côte de Saint-Malo à Erquy, il lance la Basse à Chiambrée et le Petit et le Grand Bourdineau. L’Amas du Cap au large du Cap Fréhel provient d’un caillou qui le gênait dans sa chaussure. Il crée aussi le rocher de la Latte d’un coup de pied et plante son bâton près du fort, un menhir de près de 3 mètres. Sur la route de Saint-Malo, en repensant à l’odeur du poisson qui séchait à Saint-Jacut-de-la-mer, il vomit l’île d’Agot, Neput et la pointe du Décollé. C’est après avoir mangé et bien bu, qu’il rejette le Grand-Bé et le Petit-Bé dans la rade de Saint-Malo. Un autre gravier dans sa chaussure devint le rocher de Cancale. D’un coup de pied, il fait naitre l’Anse de Mordreuc et on trouve une de ses dents à la pointe de Garot, et une autre à Saint-Suliac. Il plante sa canne dans la baie de la Fresnaye créant le rocher Calenfri, le menhir de Saint-Samson lui servait de pierre à aiguiser. Il est aussi à l’origine de l’étang de Jugon, et donc de l’Arguenon, mais aussi du Frémur. C’est à Plévenon qu’on trouve l’empreinte de ses pieds près de Fort la Latte, ainsi qu’au bois de Meurtel. On raconte qu’il arracha une forêt créant ainsi la baie de la Fresnaye afin de se faire construire un gigantesque navire. Il aurait même trouvé l’amour sous les traits d’une fée des eaux de la Rance…

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