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Les maisons rurales de caractère de la Rance-Côte d’Emeraude

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Il n’existe pas sur le territoire Rance-Côte d’Emeraude un modèle unique, mais bien plusieurs types de maisons rurales. En règle générale, l’ancienneté de l’architecture rurale se manifeste sur l’ensemble du territoire de diverses manières : la présence dans de nombreux alignements de logis, d’édifices ou de parties d’édifices remontant au XVIème ou au XVIIème siècle ; et la reconstruction fréquente des logis sur des bases plus anciennes, en remployant de nombreux éléments d’un édifice antérieur comme les linteaux de fenêtres ou de portes portant dates et inscriptions.

Les rangées ou alignements de logis

L’organisation de l’habitat traditionnel en rangées constituées de plusieurs logis, dominante sur l’ensemble du territoire, prend une dimension particulièrement forte sur les bords de Rance. L’absence de toute séparation entre les sols de cours devant les maisons, pourtant individualisés sur le cadastre ancien, reflète un usage ancien de l’espace reposant sur de multiples droits de passage. Ce principe se retrouve également dans les anciens bourgs ainsi que dans la majorité des écarts. Dans de très nombreux cas, la multiplication des alignements, le plus souvent disposés perpendiculairement au chemin principal compose un écart ou « village » dont l’importance peut dépasser celle du bourg paroissial (La Ville-ès-Nonais, Port Saint-Jean, Le Minihic, Port Saint-Hubert). Ces rangées décalées les unes des autres ne bouleversent pas le paysage mais s’y intègrent parfaitement. La permanence de ces alignements de logis se maintient sur le territoire du XVIIème au XIXème siècle. Au noyau initial parfois réduit à une ou deux habitations se greffent de part et d’autre des constructions nouvelles.

Les maisons élémentaires : maisons d’ouvriers agricoles ou de pêcheurs

Les logis à une seule pièce sont fréquemment inclus dans des alignements. Il s’agit en fait du module de base de l’habitat. La façade est ouverte d’une porte et d’une fenêtre, éventuellement d’une gerbière donnant accès au comble. Plusieurs exemples de maisons élémentaires datant du XVIIème au XIXème siècle sont répertoriés sur le territoire. La modestie de ces maisons n’empêche pas une mise en œuvre de qualité voire une recherche décorative comme le montre un exemple à Saint-André-des-Eaux, au village de Penhouët qui possède une corniche à modillons en calcaire des Faluns.

Les maisons mixtes

La grande variété de l’habitat, image d’une histoire socio-économique riche oblige à rétablir quelques regroupements nécessaires. La maison mixte est un logis qui regroupe sous un même toit une ou plusieurs pièces d’habitation avec des parties agricoles, un lieu de stockage, ou encore un atelier. Ce type de maison, qui correspond au genre le plus ancien, le plus souvent antérieur au milieu du XIXème siècle, est représenté dans l’ensemble du territoire, à l’exception de la zone occidentale où il est moins fréquent. Des travaux récents ont mis en évidence la pluralité des activités des familles rurales des bords de la Rance, où la majeure partie des marins employés pour la grande pêche retourne aux champs entre deux campagnes. Ils y cultivent des céréales, du lin, du chanvre et possèdent quelques animaux.

Les maisons sur cave ou sur dépendance

Les maisons sur cave ou sur dépendance remontent au XVIème ou XVIIème siècle, et ont souvent subi des remaniements successifs. La plupart du temps, on accède à l’espace d’habitation par un atelier extérieur. Ce perron appuyé sur la façade semble se maintenir du XVIIème siècle au XIXème siècle. Plusieurs hypothèses peuvent être évoquées quant à leurs usages : il pourrait s’agir dans certains cas de maisons de marchands et de négociants, dans d’autres de maisons de fabricants tisserands. On sait que la production de lin et de chanvre est attestée sur le territoire de longue date et que les métiers à tisser étaient souvent entreposés en soubassement des logis en raison de l’humidité qui était nécessaire aux fils. Tendus sur le métier, ils étaient moins cassants grâce à une hydrométrie constante. L’évolution des pratiques agricoles a également entrainé au XIXème siècle la superposition de deux niveaux de grenier, soit par la surélévation d’anciennes maisons, soit par la construction de nouvelles intégrant d’emblée dans leur programme le double grenier.

Des accents de style

Dans la partie sud du territoire, la prospérité due à l’importante activité du tissage entre le XVIème et le XVIIIème siècle,  ainsi que les qualités remarquables du calcaire des Faluns, ont favorisé la construction de maisons rurales dont les corniches à modillons et les lucarnes à frontons sculptés transposent le répertoire de la Renaissance, emprunté aux manoirs contemporains.

La marque du style des ingénieurs, transmise par les chantiers de Saint-Malo et de Dinan, s’impose progressivement à la fin du XVIIIème siècle, bien au-delà de leur arrière-pays, pour caractériser la plupart des maisons rurales édifiées sur l’ensemble du territoire au XIXème siècle. L’organisation des façades en compositions symétriques, le traitement « urbain » des gerbières en granite, leur linteau en arc rehaussés d’une corniche moulurée définissent une mode locale qui perdure jusqu’à l’aube du XXème siècle. Enfin, dans la partie sud du territoire, autour du pays des Faluns, plusieurs maisons de la seconde moitié du XIXème siècle présentent un fronton triangulaire percé d’une gerbière dont le modèle emprunté aux fermes du sud de la Manche aurait été importé par des maçons normands.

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