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Les malouinières du Clos Poulet, un patrimoine unique au monde

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La prospérité de Saint-Malo date des XVème et XVIème siècles, époque où commence le déclin de Saint-Servan. Sous les guerres du Roi Soleil, l'aventure maritime de Saint-Malo prend son envol. La guerre de course enrichit les corsaires, les prises étant partagées également entre le roi, l'armateur et l'équipage. Dans le même temps, le commerce maritime se développe: au trafic de la Compagnie des Indes s'ajoute le commerce avec les Pays-Bas (Delft), l'Italie (marbre), le Chili et le Pérou (métaux précieux), l'Espagne (cuir), sans oublier le commerce triangulaire Afrique – Antilles – Europe (trafic d'esclaves). Après avoir fait fortune dans la guerre de course et les mers du Sud, les armateurs malouins de la fin du XVIIème siècle souhaitent affirmer leur réussite et avoir la possibilité de se reposer à la campagne autour de Saint-Malo. Ils cherchent à échapper à l'univers congestionné de la ville (20000 habitants en 1750) tout en restant assez proches - deux heures à cheval, temps nettement réduit lorsqu’ils rejoignent la campagne par la Rance - pour pouvoir s'occuper de leurs navires et de leurs cargaisons.

C’est dans l’arrière-pays malouin, au Clos-Poulet, qu’ils installent alors leurs résidences secondaires appelées malouinières. La plupart des malouinières furent construites entre 1680 et 1730, dans un rayon de douze kilomètres autour de Saint-Malo (la Giclais, le Lupin, la Chipaudière, la Balue, le Bosc, Hôtel d'Asfeld…). L’influence de Garangeau, disciple de Vauban, et de son équipe seratrès nette dans ces constructions. Elles constituent un nouveau type de demeure noble non seulement par l'ordonnance architecturale du logis, mais aussi par l'organisation générale très ordonnée des éléments traditionnels de la résidence aristocratique : parc enclos de grands murs, colombier, chapelle, communs... Ces propriétés étaient entourées de quelques hectares de terres, acquises au coup par coup, ce qui permettait d'agrandir le domaine. C’est encore de l’intérieur que se découvrent les malouinières, car bien souvent leurs propriétaires y ont amoncelé des trésors de tous horizons : souvenirs des commerces avec les Indes ou l’Amérique, bois précieux, matériaux nobles.

Sur les 200 à 300 malouinières ayant existé, nombre ont aujourd’hui disparues. Néanmoins, on en dénombre encore une centaine dans le Pays de Saint-Malo, dont une dizaine de grandes malouinières. Quelques-unes d’entre elles sont ouvertes au public.

On sait de plus que le modèle architectural des malouinières a inspiré les constructions localement jusque dans le sud du territoire Rance-Côte d’Emeraude.

La malouinière de La Chipaudière, à Saint-Malo

Située au cœur du Clos Poulet, La Chipaudière est la plus vaste malouinière du territoire. La construction du château actuel a été supervisée par François-Auguste Magon de la Lande entre 1710 et 1720. Armateur sous Louis XIV, il devint ensuite directeur de la Compagnie des Indes Orientales. Il était l'un des plus puissants armateurs de la ville au temps de la splendeur de Saint-Malo. La Malouinière de la Chipaudière présente les dimensions d'un château, dans un parc d'une superficie de 4 hectares. La Malouinière, c’est-à-dire le logis, les communs, la chapelle et le jardin, a été classée Monument Historique le 2 février 1982. Plusieurs décors des pièces sont également classés : la salle à manger dalée de marbre de Carrare et lambrissée de boiseries en chêne, le bureau et ses toiles de Jouy, la chambre du rez-de-chaussée tendue de cuir de Hollande. Le jardin s’ouvre par ses trois terrasses successives sur une perspective menant à un miroir d’eau prolongé par deux allées bordées de tilleuls centenaires.

La malouinière du Bos à Quelmer (Saint-Malo)

Edifiée par les Magon, le château du Bos est l’une des plus grandes malouinières du territoire. Elle a été construite entre 1715 et 1717, à l’emplacement d’un ancien manoir du XVIème  siècle. Dominant la Rance, elle est très représentative des malouinières de grande ampleur, comparables à des châteaux. Les dallages de marbre, les boiseries sculptées, et les bustes de marbre italiens sur le parterre du jardin, représentant les saisons, sont les témoins du commerce très développé entre Saint-Malo et le port de Gênes. Une chapelle de 1737, dédiée à Sainte-Anne, est enclavée dans l’enceinte de la propriété. Le domaine abrite également un bâtiment arrondi, tout en pierre, qui servait autrefois de glacière. C’est le seul de ce genre qui subsiste dans la région.

La malouinière de la Ville Bague, à Saint-Coulomb

La demeure que l’on peut aujourd’hui admirer a été bâtie en 1715, à l’emplacement d’un manoir plus modeste. Construite en moellons enduits de crépi, la Ville-Bague présente toutes les caractéristiques d’une malouinière : le logis central, encadré de deux ailes latérales en léger retrait, présente sept travées ; les chaînes d’angle, les encadrements de fenêtres et de portes sont en granit taillé ; la haute toiture à quatre pans ornée d’épis de faitage et scandée  par des cheminées monumentales à contrefort, caractéristiques de cette architecture. A l’intérieur, un magnifique papier peint panoramique daté de 1815, classé Monument historique, orne les murs du salon. Création de la manufacture Dufour et Leroy, ce panoramique représente l’arrivée de Pizarro et des conquistadors au Pérou. Plus de 1500 planches de bois gravé étaient nécessaires à l’impression de ce type de panoramique. La propriété, close de murs, comprend également un pigeonnier carré daté de 1660. Seule sa partie supérieure est réservée aux pigeons puisqu’il sert également d’orangerie. La Chapelle Sainte-Sophie, datée également de 1660, complète cet ensemble. Il s’agit d’une chapelle mi-enclose offrant une porte particulière destinée aux habitants de la demeure et une porte publique ouverte à l’extérieur pour la population environnante.

La malouinière du Puits sauvage, à Saint-Malo

La malouinière du Puits-Sauvage offre une construction représentative du style des malouinières qui se répandent dans le Clos-Poulet au cours du XVIIIème siècle. Edifiée à l'emplacement d'un ancien manoir datant du XVème siècle. Elle se compose d'une cour autour de laquelle ont été disposés les communs, le jardin à la française, détruit lors des bombardements de la Seconde Guerre mondiale, un belvédère, le four à pain, une piscine à chevaux datée de 1734 et des serres d'assez grande dimension datant du XIXème siècle. À l'étage, des boiseries de réemploi datent du XVIèmesiècle.

Le château du Montmarin, à Pleurtuit

Le Montmarin est édifiée en 1760 par les Magon. En 1782, Benjamin Dubois, armateur, négociant, et constructeur de navires achète le domaine. Il profite de la situation exceptionnelle du site pour y installer un chantier naval d’où sortir plus de 300 navires dont les bateaux de Bougainville. Pendant cette période, les européens découvrent et collectionnent de nouvelles plantes venues du monde entier, tel le Magnolia grandiflora planté au pied de la malouinière. En 1813, avec la disparition du commerce, Alexandre Dubois du Montmarin, le fils de Benjamin Dubois, transforme le bassin de construction en moulin à marée. Il essaiera de maintenir une activité de construction navale jusqu’en 1845. En 1885, l’armateur malouin Louis Bazin de Jessey acquiert le Montmarin. Il le restaure, réaménage les jardins et créé un parc  l’anglaise. En 1920, son fils, Yves, créé une rocaille en bord de Rance. Dans les années 1960, Louis, son petit-fils, redonne aspect aux jardins maltraités pendant la seconde guerre mondiale. En 1966, les jardins à la française, les quais en bord de Rance, les bâtiments sont classés « Monuments historiques ». A compter des années 1970, Sabine de Ferrand, l’arrière-petite-fille, restaure la rocaille et poursuit la restauration du bâti pendant trente années. Dans les années 1980, des plantes sont réintroduites et de nouveaux massifs arbustifs créés. En 1987, la famille organise les premières journées des plantes rares et ouvre une pépinière. En 1988, Christian de Ferrand, son mari, avec quelques amis, créé l’Association des Parcs et Jardins de Bretagne. En 1995, le jardin est classé « Monument historique », et les propriétaires actuels créent le premier « Festival des Agapanthes ». En 2005, le jardin est labellisé « Jardin remarquable » par le Ministère de la Culture.

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