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Déjà, à la fin du Moyen-Age, les Ducs sont préoccupés par la défense de Saint-Malo : côté Rance, se construit la Tour Solidor, et à l’est, le château de Saint-Malo. À la fin du XVIIème siècle, la guerre maritime entre Français, Anglais et Hollandais fait rage. Au cœur de cette bataille économique et militaire, Saint-Malo est en passe de devenir le premier port de France. Il devient urgent de renforcer la défense de lafameusecité corsaire dont la position stratégique est de première importance. Pour ce faire, Louis XIV mandate l’architecte Vauban pour mettre en œuvre une défense militaire. Ce dernier imagine un système de défense ambitieux qui intègre parfaitement la géographie des côtes et les possibles attaques maritimes.

Le Fort du Petit Bé

Au centre de ce dispositif de fortifications, le Petit Bé, construit sur un rocher homonyme sous la direction de Siméon Garangeau, à une portée de canon (700 mètres) de Saint-Malo. Programmé en avril 1689, le fort est en travaux lors de l´attaque de novembre 1693. Le Petit Bé combine avantageusement du côté de la mer une batterie en fer à cheval de grande dimension, percée de 19 embrasures et du côté de la terre une fortification composée de deux demi-bastions dont la hauteur et les créneaux de mousqueterie dissuadent les éventuels ennemis de toute escalade... Vers le large, une échauguette surmontée d´une fleur de lys protégeait le pied du rempart. La batterie croise ses feux avec le fort Harbourg pour défendre l´entrée en Rance. Juste après la bombarderie de 1695, où le fort put tirer sur les ennemis dans la fosse aux Normands, l´ingénieur Garangeau écrivait : « Le Petit Bé est un fort bien construit, de bonne et très solide maçonnerie. Il ne lui reste plus que les logements à achever au-dessus des souterrains. Il est muni de 9 canons (nombre porté à 15 en 1697 dont 4 de 48 livres de balles et 6 de 36 livres de balle) et de 2 mortiers ». 177 hommes assuraient le service des pièces d´artillerie en 1697. Jusqu’en 1885, il est propriété de l’armée française qui l’occupe et l’entretient. Passé cette date, il est déclassé militairement, et confié à la ville de Saint-Malo. Bien que classé Monument Historique en 1921, le Petit Bé sera délaissé pendant plus d’un siècle. À partir du 1er Janvier 2000, un particulier entame des travaux de restauration.

Le fort du Grand Bé

« Le Grand Bé est un fort de pareille construction que celui d´Arboulé [La Varde], muni de huit canons et de trois mortiers. Il a cinq embrasures qui ont leur découverte sur le mouillage de la fosse aux Normands ». Garangeau, août 1695.

A la différence du Petit Bé ou du fort National élevés tous deux sur des rochers, le Grand Bé est construit sur un îlot... S´il semble aujourd´hui arasé, le Grand Bé conserve outre la célèbre tombe de Chateaubriand tournée vers le large, de nombreuses traces d´occupations anciennes. Ile de quarantaine fortifiée dès le XVIème siècle, le site est réutilisé par Vauban en 1689 pour la défense de Saint-Malo.

Le plan du projet d´agrandissement vers le nord du fort sur le Grand Bé, établi à Saint-Malo par Garangeau le 12 juin 1697, nous apprend que le corps de garde et le petit magasin à ustensiles ont été aménagés dans une ancienne chapelle, et que d´autres petits édifices en appentis regroupent le logement du maître canonnier et un magasin à poudre. Cette même année, les archives montrent que le Grand Bé était doté de 250 bombes pour ces trois mortiers, et disposait en outre de quatre canons de 48 livres de balle -le nec plus ultra de l´époque-, quatre canons de 36 livres de balle et quatre autres de 24 livres de balle ; plus de 1 200 boulets tous calibres confondus et près de huit tonnes de poudre. La garnison était composée de 2 officiers, 30 soldats, 3 « bombardiers », 4 canonniers de marine, 120 canonniers de milices et 45 matelots habitués à obéir rapidement aux ordres.

Durant la Seconde Guerre Mondiale, les allemands réutilisèrent l´îlot en y installant une batterie lourde de marine armée de quatre canons de 105 mm, deux canons antiaériens et un canons antichars ainsi que deux projecteurs, ce qui lui valut d´être très fortement bombardé par les Américains... Propriété de la ville de Saint-Malo, le Grand Bé est accessible à marée basse par une chaussée submersible.

Le Fort National

« Pour profiter de l´avantage du vide qui se trouvera entre l´ancien et le nouveau revêtement, on y fera des souterrains pour un magasin à poudre, à l´épreuve des bombes, pour serrer les vivres et pour se mettre à couvert, chose absolument nécessaire car, pour n´avoir eu qu´un petit magasin à poudre [dans la longère], comme dans plusieurs autres forts, on fut obligé, le jour du bombardement, de tenir celui du château ouvert la moitié du jour pour distribuer et renvoyer la poudre, pour remplacer celle consommée, malgré la grêle des bombes qui tombaient alentour de ce magasin et entre les charrettes chargées dont il pouvait arriver la ruine entière de la ville, à quoi on remédiera en faisant des souterrains capables de toutes les munitions nécessaires ». Garangeau, 14 août 1695.

Programmés dès 1689 sur un rocher situé à 150 toises du château de Saint-Malo, les travaux du fort commencèrent vraisemblablement dès 1691-1692 sous la direction de l´ingénieur Garangeau. L´ouvrage de plan presque carré se compose d´une batterie haute percée de 16 embrasures et d´un front bastionné au sud dans lequel s´ouvre la porte monumentale précédée d´un pont-levis et d´un fossé sec. La gorge est protégée d´une attaque terrestre par un mur percé de nombreux créneaux de mousqueterie. Les édifices logistiques : magasin à poudre, hangar pour le matériel d´artillerie, corps de garde et chambre de l'officier sont regroupés dans un bâtiment faisant longère et doté de combles de manière à y loger des troupes supplémentaires en temps de guerre. Contrairement au Grand Bé, le fort dont la partie basse est battue par la mer, est construit en maçonnerie de pierre de taille de granite. Lors de l´attaque de 1695, le fort était armé de 14 canons sur affûts marins et de 3 mortiers.

En 1697, Garangeau propose d´agrandir le fort vers le nord en créant « une batterie basse et en fausse braye » pour battre « la fosse aux normands » et profiter ainsi de l´effet ricochet des boulets.

L‘enceinte extérieure du fort fut agrandie et remaniée au XVIIIème et au début du XIXème siècle pour améliorer la défense du fort du côté de la terre. Le Fort National a été classé Monument Historique par arrêté du 17 mai 1906. Restauré pendant 33 ans par un passionné, le fort, propriété privée depuis 1927, s´ouvre au public à chaque marée basse.

Le fort pris le nom de Fort Républicain, sous la Révolution, de Fort Impérial sous Napoléon Ier, de Fort Royal sous la restauration, de nouveau de Fort Impérial de 1852 à 1870 et de Fort National depuis cette date. Il est classé Monument Historique depuis 1906.

Fort de la Conchée

 « La Conchée sera cy après la meilleure forteresse du Royaume, la plus petite et la mieux entendue comme elle aura été la plus difficile à bâtir car jamais ouvrage ne le fut autant », Vauban à Le Pelletier, Correspondances, 10 mai 1694.

Reprenant les principes du fort à la mer développés au château du Taureau (seconde moitié du XVIème siècle), Vauban prévoit dès 1689 la construction d´une forteresse isolée en mer à quatre kilomètres au large de Saint-Malo. C´est à Garangeau que revient le soin de choisir le rocher : ce sera le rocher du Quince qui n´émerge que d´une quinzaine de mètres aux plus grandes marées basses... Le toponyme « La Conchée » a pour origine grecque « konkhê » qui signifie la « grande coquille ». Dans le fort, le décor sculpté dans le calcaire de la fontaine représente une coquille. Les travaux du fort de la Conchée débutèrent à la fin de l´année 1692 par le déroctage du rocher afin de faciliter l´assise des fondations en pierres de taille de grand appareil. Si les moellons sont d´origine proximale -île de Cézembre-, les pierres de taille proviennent des carrières de granite de l‘archipel de Chausey et des environs de Saint-Malo.

Protégé des fortes houles du large par l´île Cézembre à l´ouest et par « les haies de la Conchée » au nord, l´ouvrage devait par sa position éminemment stratégique protéger le chenal de la grande Conchée et la « passe ou fosse aux Normands » d´une éventuelle attaque navale sur la cité-corsaire. Le risque étant que les navires n´embossent la ville : c´est-à-dire, présentent leur travers et canonnent la cité… Comme l´écrit le célèbre ingénieur : « Ce poste est d´une conséquence infinie pour prévenir le bombardement de Saint-Malo, mais les difficultés de s´y établir sont immenses ».

En 1734, Garangeau, toujours en poste à Saint-Malo écrivait : « Le fort de la Conchée a neuf beaux souterrains voûtés et une très belle plate-forme au-dessus sans autre chose qu´un bâtiment commencé dont les murs s´élèvent à deux pieds à la réserve de ceux qui portent la couverture de l´escalier qui le sont de six. Il serait très nécessaire d´un grand magasin à chaque bout pour serrer les affûts que l´on a été contraint d´apporter en ville, l´on y en a seulement laissé deux qui sont entièrement pourris, tous les canons sur le ventre, ce bâtiment contiendrait de plus un corps de garde, une salle d´armes et deux chambres, et le comble donnerait de l´eau dans la citerne pour le détachement du château auquel on est obligé d´en porter toutes les semaines de la ville, la dépense de ce bâtiment serait de 36 000 livres. Le fort souffre du manque d´affûts et d´eau ».

Durant la Seconde Guerre Mondiale, le fort est en partie ruiné par les entraînements des artilleurs allemands et les combats de la Libération. Classé très tardivement au titre des Monuments Historiques en 1984, il est aujourd´hui la propriété de vingt et un passionnés réunis au sein de la Compagnie du Fort de la Conchée. L´édifice est en cours de restauration. Il est considéré comme l’un des chefs-d’œuvre de Vauban. « Il n’y aura rien de mieux fait, ni de plus fort que les voûtes de la Conchée ».

Le Fort Harbour

« Il faudra nécessairement un commandant sédentaire dans le fort de l´île Harbourg qui ne bouge de là et qui ait la clé des magasins des vivres et des munitions de guerre qu´on y mettra, et un maître canonnier qui tienne là une petite cantine pour le secours des gardes qu´on y mettra. Il serait à souhaiter que ce commandant pût être quelque vieil officier de marine intelligent, fût-il manchot ou jambe de bois. Je dis un officier de marine parce qu´il faut qu´il connaisse les vents, les marées et la manoeuvre des vaisseaux... ». Vauban, Projet pour le dispositif de la garde de Saint-Malo et ses côtes, mai 1694.

Situé à 1600 toises de Saint-Malo, le fort d´Harbourg avait pour mission de battre l´entrée de la Rance : les Portes et le Décollé. Dans sa conception, il est à rapprocher du fort National pour ses logements et du Petit Bé pour sa batterie rasante en fer à cheval. Souhaitant renforcer les gardes des forts d´Harbourg et de la Conchée par des canonniers de marine expérimentés, Vauban préconisait de les faire relever tous les 8 jours en été et tous les 15 jours pendant l´hiver. Selon les coutumes, les habitants de Saint-Servan et les paroisses de banlieue gardaient Solidor et l´île d´Harbourg tandis que les paysans de la côte regroupés en milices assuraient la garde du Fort La Latte.

Le Fort de la cité d’Alet

C'est durant la grande épopée corsaire, que les fortifications d'Alet seront érigées à hauteur de leur importance stratégique. A la fin du XVIIème siècle, la cité d'Alet est équipée d'une petite batterie d'artillerie pour protéger l'entrée de la Rance. Vauban dénonce aux Malouins le manque de fortifications solides sur cette hauteur, faisant par la même courir un risque d'invasion à  toute la cité, notamment du fait des Anglais. En 1759, l'ingénieur en chef de la cité malouine, le chevalier Mazin, construit un grand fort d'artillerie capable de défendre Saint-Malo, son port, l'accès à la Rance et Saint-Servan : le fort de la Cité d’Alet.

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