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Dans la tourmente, l'espoir…

Dans la tourmente, l'espoir…

Ecrit par Macquetos dans Bio-Scène le 27 nov 2015

John Keats - Poète anglais > https://fr.wikipedia.org/wiki/John_Keats


"Lorsque des êtres humains se conduisent comme des bêtes malfaisantes et que des animaux montrent intelligence et bienveillance ... J'arrête de croire en la supériorité des Hommes ..."
[ Réflexion trouvée sur le net et qui m'a interpellée au regard de ce qui nous porte à travers l'initiative "Bio-Scène" ]


Cette période trouble que nous ressentons désormais très distinctement au sortir du 13 novembre 2015 – parce-qu’elle s’exprime désormais dans nos vies quotidiennes, et qui plus est, sous nos fenêtres dans ce qu’elle a de plus révoltant – pousserait-elle (enfin) à nous interroger collectivement sur une question qui n'est que très rarement abordée de façon assumée :

« qu'est-ce que c’est que d’être [ humain ] ? »

Nous n’en sommes peut-être pas encore là, car cette question pourtant fondamentale reste très soigneusement mise sous le tapis depuis quoi, l'avènement des lumières (?), ce qui peut paraitre paradoxal non ?

Entre parenthèse – car là n’est vraiment pas le propos – situation paradoxale également que de constater que la « somme des connaissances accumulées depuis des siècles » – en ce qui concerne la biologie du vivant, brique du fonctionnement de la nature – ne soit pas encore véritablement entrée dans nos esprits « civilisés » et que l’on puisse continuer de penser qu’il existerait des « bêtes malfaisantes » (sauf l’homme ?), que l’intelligence reste l’apanage de l’humain ou que ce dernier soit réputé tellement « supérieur » qu’il s’octroie le pouvoir d’être « maitre et possesseur de la nature », comme l’a si bien déclaré Descartes, tout en s’autoproclamant [ Homo sapiens sapiens ] qui signifie littéralement « deux fois sage » !

Paradoxal donc que les prédations multiples faites par l’homme sur notre biosphère, mais aussi faite par quelques « humains » sur une majorité d’autres « êtres humains » n’aient jamais été aussi préoccupantes et pourtant si peu questionnées au regard de ce qui fait en réalité de nous une humanité pleine et interdépendante… (ou pas ?).

Oh, bien sûr, de nombreux auteurs ont toujours conservé – dans tout ou partie de leurs œuvres – cette interrogation au cœur de leur littérature.

Je pense notamment volontiers à Vercors qui a compilé une œuvre magistrale et véritablement transversale sur le sujet ou même récemment A.R Damasio qui ouvre un champs de réflexion extraordinaire en confirmant – par l’approche des sciences qui étudient le cerveau humain – ce que les plus anciennes philosophies ont découvertes il y a déjà plusieurs siècles, voire même plusieurs millénaires pour certaines d’entre-elles.

Mais pourquoi alors cette interrogation fondamentale reste-elle si peu audible en ces périodes charnières, alors qu’elle permettrait certainement des réponses plus adéquates (pas difficile, me direz-vous) pour faire face – en êtres véritablement humanisés – aux enjeux auxquels nous sommes urgemment confrontés et dont nous amplifions plutôt les effets négatifs par nos réactions que l’on pourrait juste qualifier de « primaires » ?

Un humoriste – Pierre Dac – nous a déjà donné quelques éléments de réponses, mais il faut avouer que ce n’est guère favorable à flatter notre ego individuel et collectif : « Je pense avoir trouvé le chainon manquant entre le singe et l’homme : c’est nous ».

Alors revenons à notre sujet de départ pour éclairer l’actualité de ces dernières semaines. Car le fait nouveau, c’est que la question qui avait effleurée toutes les consciences au moment des attentats contre Charlie Hebdo, commence à avoir du mal à rester en sommeil : ces individus qui ont été capables de perpétrer de tels gestes d’horreur sont-ils finalement des êtres humains ?

Prenons en compte, mais ne donnons pas trop d’importance à ceux qui – plutôt que de se poser honnêtement la question – préfèrent s’enfermer dans leurs certitudes, voire étouffer leurs propres contradictions avec des arguments creux et réducteurs. Car c’est là que les clivages nauséabonds commencent véritablement :

1/ « Ce ne sont que des barbares et il faut les détruire, les anéantir… les éradiquer. Tous les tuer ! » Pourquoi ne pas réagir de la sorte, en effet, dès lors que l’on se retrouve plongé dans une réaction émotionnelle, dictée par une répulsion bien légitime face à l’horreur, n’est-ce pas ? (on peut cependant être plus inquiet quand ce genre de propos est tenu dans une posture soit-disant rationelle…)

2/ C’est notre modèle économique qui est à la racine du mal. Il faut s’attaquer aux causes profondes ! Il faut faire la révolution pour rétablir l’égalité entre les hommes (et entre parenthèse, ne pas tenir compte d’une menace immédiate et réelle, tout en « excusant » par causalité ceux qui ont commis ces actes ?)

3/ C’est la faute à la droite, c’est à cause de la gauche, Il y a trop d’immigration, c’est la faute à l’Europe, il y a trop d’hommes sur Terre, c’est la faute à… En gros, c’est pas moi, c’est les autres et donc, je ne change rien coûte que coûte et je contribue de façon rationnelle et non assumée au désastre collectif.

Ce qui peut être préoccupant, c’est que ce genre d’arguments puissent être érigés en un discours et une réponse « politique », mais là n’est pas non plus la question (bien que cette réalité nous engage tous et mérite de n'être pas trop négligée).

Mais si l’on se pose honnêtement cette question, alors, l’espoir est autorisé : Est-il possible que l’on rapproche ces hommes et ces femmes du genre humain dont nous nous revendiquons et sommes instinctivement si fier ?

Oui, c'est non seulement possible, mais aussi salvateur d'aborder la question sous cet angle

Car pour le coup, nos convictions largement ancrées dans notre inconscient se trouvent quelque peu fragilisées, c’est une litote que de l’affirmer… Alors peuvent jaillir de toute part, dans nos sociétés qui se trouvent toutes à la croisée des chemins, des réflexions sincères qui ont une valeur finalement très estimable : "Lorsque des êtres humains se conduisent comme des bêtes malfaisantes et que des animaux montrent intelligence et bienveillance ... J'arrête de croire en la supériorité des Hommes ..."

La question qui nous échoie donc en ces temps troublés n’est donc plus tant : « qui sommes-nous, d’où venons-nous, et où allons-nous »

Mais plutôt « Au regard de ce que nous sommes – et avec l’éclairage du chemin d’où nous venons » – il s’agit désormais de décider collectivement « où voulons-nous aller ? » autrement dit, quelles formes d’expressions de notre humanité sommes-nous prêt à tolérer, à réprimer ou au contraire à cultiver pour tenter de nous bâtir un avenir satisfaisant.

La coopération comme modèle évolutif, pour que la compétition n'enterre pas définitivement ce qui fait nos qualités humaines…


Autre billet publié sur le sujet : > Alerte-sur-nos-propres-failles

Démarche non mercantile de valorisation de la biodiversité à travers la diffusion des connaissances, la diversité des points de vue et l'usage coopératif du multimédia.