Comme toutes les zones tropicales, la Guyane française, avec sa richesse spécifique et sa très grande diversité, pourrait trouver la source de son développement dans sa forêt.
Sacralisation de la nature… ou des hautes technologies ?
Mais les aléas climatiques et la lenteur de la régénération forestière, cumulée avec l’extrême sensibilité des écosystèmes face aux activités humaines ou avec celle de la faune vis-à-vis de la pression de chasse, ne peuvent permettre d’envisager un développement durable uniquement basé sur une exploitation brute des ressources qu’offre la Guyane. Ce serait privilégier le court terme, comme cela a trop souvent été le cas auparavent dans de nombreuses régions du monde.
Le passé, sur lequel on ne peut revenir, devrait pour autant servir d’élément de réflexion. Les erreurs d’hier doivent impérativement servir à élaborer un processus à long terme. Il faut donc tenir compte de tous les facteurs entrant en jeu et ne pas tomber dans le piège qui consiste à privilégier un domaine (l’économie, au hasard) au détriment d’un autre (la préservation de l’écosystème). Car l’expérience passée, mainte fois confirmée, montre que d’un point de vue économique, il est plus rentable d’anticiper les conséquences d’un acte plutôt que de réparer les erreurs commises.
La Guyane a cela d’exceptionnel que ce territoire reste pour ainsi dire quasiment inexploité et n’a donc pas encore atteint le point de non retour de certaines contrées. Bien sûr – et c’est là où il faut rester prudent et relativiser la situation – de nombreux problèmes commencent à faire surface et peuvent très rapidement devenir insolubles. On sera alors, dans ce cas, entré dans une politique irréversible de réparation.
La chance de la Guyane française est qu’il est peut-être encore temps de mettre en place une politique de développement étroitement liée à la notion de respect de l'écosystème. Et c’est cette chance qu’il nous faudrait impérativement saisir pour bénéficier d’un système préventif plutôt que curatif.
On le voit – et c’est bien malheureusement souvent le cas – la théorie croise bien au large de la réalité des choses. Et sur le terrain des spécialistes, qu’ils soient chercheurs, acteurs économiques ou décideurs, tous proposent des solutions souvent plus que divergentes entres-elles… L‘industrie Spatiale (voir article à ce sujet) est un atout majeur pour la France métropolitaine et la Guyane française, mais génère nécessairement des retombées en matière d’environnement. Le barrage de Petit-Saut (voir article dédié) qui a fait couler tellement d’encre se justifie lui aussi sous l’angle des besoins en matière de développement, mais ne trouve plus toute sa place d’un point de vue global et dans une perspective strictement écologique.
L’air du temps semble à la transparence et ce, d’autant plus que sur le plan technologique toutes les nuisances paraissent plus facilement prévisibles. Elles pourraient donc être pour bonne partie évitées en vertue d'une plus-value sociale et écologique importante : somme toute, ce serait un "sacrifice" relativement modeste. •