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Les conditions géo-climatiques expliquent Ariane

La biodiversité en Guyane française

Les conditions géo-climatiques expliquent Ariane

Ecrit par Aye-Aye environ... dans France Equinoxiale le 19 oct 2015

Mais concrètement, qu’est-on en droit d’attendre de la base spatiale et de la haute technologie pour le développement de la Guyane ?

Fer de lance du spatial

A 10.000 kilomètre de l’Europe, coincée entre les vagues de l’Atlantique et l’océan de verdure de la forêt Amazonienne se trouve le Centre Spatial Guyanais (CSG) qui compte un peu moins de 2.000 employés, tandis que Kourou (Ariane-ville) compte désormais près de 13.000 habitants. Quel chemin parcouru depuis les années 60 où le cahier de recensement indiquait 600 habitants.

En avril 1968, le CSG est créé à Kourou, en Guyane française, alors petit village somnolant au rythme du chant du Païpayo, le célèbre « oiseau-sentinelle » que l’on entend plus que l’on ne voit.

C’est le tout début de l’ère spatiale européenne, avec un atout considérable de par la situation géographique exceptionnelle de la base de lancement, qui se trouve positionnée pour ainsi dire quasiment sur l’Equateur. De quoi procurer autonomie et indépendance vis-à-vis des Etats-Unis, de la Russie ou du Japon en matière de lancement de satellites.

Relativement peu de pluie, pas de secousses sismiques, site à l’écart de la zone de passage des cyclones tropicaux… l’endroit ne pouvait guère être mieux choisi.

De plus, les lancements vers l’est ne sont soumis à aucune servitude de sécurité et la vitesse de la fusée s’ajoutant à celle de la rotation de la Terre permet l’économie très substantielle de carburant. Ceci explique (s’il le fallait), le pourquoi de la présence d’Ariane en Guyane française.

Le spatial, source de développement ?

Alors que la question du développement (durable, si possible !) se pose désormais de façon de plus en plus présente depuis le sommet de la Terre de Rio, en 1992, de quelle manière l’industrie spatiale peut-elle véritablement devenir l’une des composantes de cet enjeu ? Si tant est que la question n’ait déjà trouvée une réponse de par les orientations déjà prises depuis la création du Centre Spatial de Kourou.

Si l’aventure spatiale a effectivement sorti Kourou de sa torpeur, on peut néanmoins regretter qu’une réflexion plus globale et surtout, concertée, n’ait été menée en y incluant les intérêts des populations locales ou transplantées.

Un succès commercial peut cacher de graves nuisances

Concilier un besoin réel en matière de technologies de pointes, face à une politique de développement qui sache tenir compte de tous les effets négatifs dudit développement, tel pourrait être le challenge à relever pour le consortium européen.

Mal aimée, mais paradoxalement tout de même largement plébiscitée, l’industrie spatiale doit-elle (et peut-elle) être une composante du développement de la Guyane dans les prochaines décennies ? De son côté, le CSG croit beaucoup au développement des industriels locales et au développement touristique, ainsi que tout ce qui concerne les infrastructures, grâce aux activités liées à Kourou.

Ariane semble donc effectivement être un élément incontournable de la réflexion sur l’aménagement du territoire. Cependant, ceci impose de lourdes responsabilités et une projection à très long terme. Le problème du barrage de Petit-Saut (voir article) – dont, rappelons-le, la raison d’être est en grande partie liée aux projections faite sur les besoins énergétiques du Centre Spatial n’est qu’un exemple de ce qu’on peut appeler le revers de la médaille en matière de développement correctement défini.

Le département Environnement, mis en place par la base spatiale, est chargé de quantifier les retombées dues à la combustion des boosters.
L’alumine semble créer des réactions de faible ampleur par sa relative stabilité. L’acide chlorhydrique, du fait du déplacement des rejets sous forme de nuages – avec élévation dans l’atmosphère – est susceptible de dispersion puis de retombée au sol, provoquant potentiellement des pluies acides. Celles-ci seraient dues soit à un refroidissement du nuage avec condensation eau-acide, phénomène – semble-t-il de courte durée ; soit au « lavage » du nuage acide par un nuage de pluie, situé à plus haute altitude. Dans une telle situation, les retombées auraient un impact direct sur la flore avoisinante.
Pour éviter le phénomène dû au refroidissement, il faudrait un taux d’humidité le plus bas possible (alors que rien qu’en saison sèche, ce taux avoisine tout de même les 80%). Le phénomène de lavage, lui, nécessite une absence totale de pluviosité. Néanmoins, les prévisions météo restent parfois aléatoires et même en saison sèche, elles ne sont jamais à totalement exclure.
Bien que le CSG et les études afférentes à ce risque soient rassurantes, la fusée 100% écologique sera-t-elle pour demain ?
La question reste pour l’instant ouverte… •

Les risques de retombées ne concernent pas seulement la fusée…

« H + 2 minutes, pression normale, trajectoire correcte… ». Les indiens de la forêt ont à peine levés la tête. Ariane fait partie de leur « univers » !

Si le vent est favorable, ils entendront passer la fusée… Encore une ! Depuis dix ans, les Guyanais en ont pris l’habitude. A l’endroit où jadis croassaient les crapauds buffles, on trouve le chantier presque fini d’Ariane 5.

Couvrant 25 kilomètres carrés, les pelles mécaniques ont défrichés et déblayé près de 5 millions de mètres cubes de terre. Les fusées sont montées directement sur la table de lancement, dans l’une des tours, haute de 70 mètres. Celle-ci, mobile, s’achemine lentement sur une voie ferrée jusqu’à une seconde tour où sera déposée le dernier étage de la fusée, celle qui contient le satellite. C’est donc au dernier moment que des techniciens devront remplir la fusée des quelques 300 tonnes de carburant (dont le propergol solide, le nouveau combustible pour nos fusées).

Ces mêmes Guyanais savent-ils qu’une soixantaine de produits différents ont été identifiés dans les gaz de combustion des propergols utilisés ?

Durant les essais qui se sont déroulés, le booster est essayé en position verticale et brûle pendant 130 secondes. Il développe une poussée de plus de 700 tonnes en dégageant 185 décibels et 50 tonnes d’acide chlorhydrique et 78 tonnes d’alumine. L’impact des autres produits est considéré comme négligeable. •

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