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Une question de culture

Le loup de retour en France

Une question de culture

Ecrit par Aye-Aye environ... dans Bio-Scène le 25 oct 2015

L’image du loup est liée à l’histoire des cultures qui ont précédé et donc forgé la nôtre. Selon la tradition agricole, pastorale ou liée à la chasse, on retrouve en trame de fond l’attitude de l’homme envers le loup.

Il est probable que, au temps des hommes préhistoriques, le loup n’était pas craint. Il faut dire que le chasseur avait affaire à des espèces autrement plus dangereuses tel l’Amphicyon, sorte de super-prédateur (jusqu’à 600 kg) parent de l’ours et à l’apparence d’un énorme chien. Ils l’utilisaient même, à l’occasion, pour rabattre le gibier.

La culture Romaine, basée sur la Cité, ne se trouve que très rarement confrontée aux problèmes de la vie à la campagne. L’agriculture ou l’élevage restant très limités, cela laisse au loup de grands espaces pour chasser en paix.

Il s’ensuit une cohabitation sans problèmes majeurs. De plus, le loup représente une figure importante dans la création de Rome par l’intermédiaire de la célèbre légende de Romulus et Rémus, fondateurs de la Cité.

Le mythe du loup romain consacre en effet la relation chasseur-animal et Rome n’a pas de raison de voir le loup comme un ennemi potentiel. Puis, progressivement, l’image de cet animal tend à se métamorphoser : cette évolution est due en premier lieu à l’avènement de l’empire romain se trouvant confronté à des invasions barbares.

La culture Romaine doit en effet faire face à des changements profonds de société ; une fusion progressive entre Romains et Germaniques conduit à une réorganisation des campagnes. Le monde rural empiète alors sur les territoires du loup. Celui-ci perd donc progressivement sont statut neutre car les accrochages hommes / loups sont devenus de plus en plus fréquents.

Les peuples Germaniques ont donc largement contribués à cette peur du loup. Ces invasions sont alors associées par les conquérants eux-mêmes aux « raids des loups » et reprise par ceux qui les subissaient sous la terminologie « d’invasion des loups » !. Pour autant, les peuples chasseurs ailleurs en Europe, – susceptibles de rentrer en concurrence directe avec le loup – ne sont pas ceux qui décrient son activité et associent sa présence à un danger.

Au contraire : ils respectent cet animal, vont jusqu’à s’identifier à lui, imiter ses comportements et s’approprier ses stratégies de chasse. Un équilibre poussant à la cohabitation pacifique avec le loup s’est alors développé dans ce que l’on pourrait qualifier de « conscience collective ».

Mais à partir du moment où le chasseur devient sédentaire et prend la fonction de berger ou d’agriculteur), la représentation que l’on diffuse sur le loup s’inverse radicalement. Le concept de Nature (dont les sociétés humaines sont l’une des composantes, au même titre que les autres sociétés animales) se transfère de façon certainement inconsciente vers la notion d’environnement : l’extérieur devient hostile ! Le loup se positionne donc – dans la représentation collective – comme une menace perpétuelle pour l’activité humaine.

On le voit, les réalités changent en fonction des modes de vie, de la « Culture » et de façon sous-jacente, en lien avec les représentations qui régissent la relation que chaque Société humaine porte vis-à-vis de son écosystème.

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