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Cultiver un agir local

A propos

Cultiver un agir local

Ecrit par Aye-Aye environ... dans Bio-Scène le 12 oct 2003

Statut : Cet article date de 2002, juste avant le sommet de la Terre à Johanesburg. Son positionnement vis-à-vis du développement durable est désormais caduque. Le reste nous semble toujours valable… Et permet au moins une mise en perspective historique du présent pour mieux comprendre – et donc mieux interagir – en intégrant les nouvelles réalités du monde actuel.
=> voir le positionnement de notre projet à ce jour (fin 2018) > ici <.

Le développement durable n’a à priori en soi rien d’une utopie. Par contre, ce qui en est une, c’est de croire – ou de laisser croire – que cela va être possible sans faire le moindre effort de cohérence globale… Ou bien de penser que ce sont les institutions en charge de ces questions qui vont pouvoir seules nous engager dans cette voie. Le diagnostic sur l’état de la Planète et les problèmes de société qui l’accompagne est fait et refait depuis maintenant plus de trente-cinq ans. Et les choses non seulement ne s’améliorent pas, mais au contraire, semblent continuer d’empirer. Nous persistons à aller « droit dans le mur ». 

Pourquoi en sommes-nous arrivés là ?

  1. Probablement parce que les solutions mises en œuvre ne sortent pas du modèle qui crée les problèmes ;

  2. Et que les idées neuves – assorties de solutions originales qui démontrent la possibilité de nous sortir d’un paradigme insoutenable – sont irrémédiablement occultées par le modèle dominant (on pourrait comparer cela à un système immunologique).

Est-ce que cela signifie que la situation est désespérément figée ?

Mille fois non ! Bien au contraire… Nous sommes arrivés à un moment de notre histoire où la dimension culturelle peut enfin permettre de trouver audience pour proposer des moyens d’« ABORDER AUTREMENT LES QUESTIONS »…

Les conséquences de nos modèles de développement et de « l’idéologie économique » [1] en vigueur sont tellement visibles aujourd’hui, que le seuil critique – avant le basculement – est en passe d’être atteint. Mais ne nous réjouissons pas trop vite, car l’histoire nous enseigne que le passage à l’acte, chez l’être humain, peut être très brutal. Il est donc de notre devoir – et normalement de celui de l’ensemble de nos représentants politiques – de prévoir la crise qui se profile à l’horizon en accompagnant avec force et pédagogie, une évolution plus progressive des comportements.

Il s’agit en réalité de proscrire tout changement radical ou autoritaire et donc de trouver ensemble le moyen d’anticiper les conséquences désastreuses qui ne manqueront pas de se produire si l’on ne fait rien… ou si l’on fait quelque chose dans une vision de court terme ! Le positionnement individuel est probablement le seul levier (efficace) à activer. La démocratie participative est aujourd’hui une opportunité à saisir pour engager un véritable choix de société : celui qui va conditionner « l’avenir de notre futur ».

En fait, c’est à chaque citoyen d’agir aujourd’hui pour préparer demain. Aye-Aye environnement – comme bon nombre d’acteurs – y travaille assidûment. Mais qu’elle est la portée réelle d’une action – même en réseau – si elle n’est pas connectée à l’ensemble des autres initiatives ?

Cela pose donc très concrètement une question : « COMMENT AGIR PLUS EFFICACEMENT? » et par voie de conséquence, repose la sempiternelle question du « comment (ré-)activer ensemble le ressort démocratique ». Les outils que nous avons mis en place [2] nous autorisent à retourner cette question.

Qu’est-ce qui nous empêche d’agir plus efficacement ?

Le débat en question. Pour illustrer les blocages de la société, imaginez que vous participiez à une conférence sur le développement durable. D’éminents « spécialistes » nous parlent du contexte – qui bien souvent posent un tableau catastrophique de l’avenir. La situation n’est effectivement pas très brillante…

Ces mêmes spécialistes développent ensuite largement le problème en rentrant dans une approche souvent très complexe, car technicienne. Mais, pour celui qui reçoit l’explication, ça reste bien souvent de la théorie. Ce n’est en effet pas toujours facile pour quelqu’un de « non initié » de s’approprier ces concepts sans expérience pratique ou un quelconque vécu concret.

…Et enfin, quand viendrait le moment d’aborder les solutions, le temps imparti – toujours limité dans ce genre d’intervention – ne laisse que peu de chance d’obtenir des réponses satisfaisantes à une multitude d’interrogations qui surgissent de toutes parts. Et comme en plus il faut bien laisser tout le monde s’exprimer, le temps de parole individuel est souvent très limité. L’espace d’expression est donc en réalité excessivement réduit et souvent unilatéral.

Ne nous étonnons pas du désengagement du citoyen dans la vie de la cité et des ravages collatéraux que cela provoque sur nos systèmes politiques et notre organisation sociale.

De fait, quand viendrait – normalement – le temps de glaner quelques solutions accessibles à celui qui cherche honnêtement à s’intéresser à cette vaste question, c’est l’heure de fermer ou de passer à la table-ronde suivante… Et ça tombe très bien, parce que – en réalité – devant la complexité du problème, les solutions concrètes, eh bien, il ne semble pas y en avoir (du moins dans la tribune) chez les « experts » du sujet.

Les citoyens que nous sommes – ou acteur engagé à un niveau local – repartent de là soit totalement frustrés – faute de pouvoir s’exprimer –, soit ont toutes raisons de se désespérer devant cet avenir tellement obscur – et donc d’opérer un repli sur soi « salvateur ».

Chacun se retrouve face à une situation où il semble être mis à l’index, responsable de tous les maux de la planète. Par contre, si nous avons quelques solutions à proposer à partir de notre expérience de terrain, c’est un vrai chemin de croix pour la faire remonter à un niveau politique : « Laissez-donc, c’est une affaire d’experts ! » Le paradoxe, c’est qu’ainsi, nous semblons tous totalement dépossédés de notre pouvoir d’action. Même la « consultation » ou la « concertation » ne peut-elle rien changer dans les faits et la désinsertion sociale se fait toujours grandissante puisque « nous n’y connaissons rien » et que des « spécialistes » s’occupent de ces questions politiques en préservant toujours le « politiquement correct ».

Le débat s’organise donc autour d’une sorte de « penser en rond » qui condamne le citoyen à subir les conséquences de choix « formatés » plus qu’à réellement l’investir dans un scénario démocratique qui lui permettrait de décider de son avenir … Mais fort heureusement, il y a bon nombres de praticiens « discrets » sur le terrain de l’action. Et lorsque le besoin de solutions nouvelles se fera véritablement présent, ceux-ci seront en première ligne pour faire émerger les innombrables graines semées et qui attendent les conditions favorables. 

Une solution de bon sens, renforcer la coopération

Pour accompagner plus efficacement la mutation culturelle, économique et sociale qui se joue actuellement sous nos yeux, la priorité consiste à organiser une réflexion commune et à une mutualisation des bonnes volontés. Aye-Aye environnement suggère d’aborder avec le grand public et les acteurs sur le terrain la question des « freins à une appropriation citoyenne du développement durable » à travers des « conférences participatives ». Une fois les blocages clairement identifiés, le moteur de l’action collective pourra en effet nous mener vers un nécessaire choix démocratique.

Sachons donc dépasser le cadre de l’action strictement individuelle –et continuons de véritablement travailler à une culture de partage – pour que « le pessimisme de la réalité laisse alors place – dans les esprits – à l’optimisme de notre volonté ». Cette ouverture sur un travail en réseau doit nous permettre en effet de réussir à dépasser nos limites individuelles pour tenir un objectif que nous ne pourrions aborder seuls.

En sommes, ce que nous proposons, ce sont des outils et un cadre méthodologique à mutualiser pour  se doter des moyens « d’agir localement, dans une perspective de développement durable ».

Bien sûr, et ce sera le mot de la fin, nous ferons en sorte que notre structure tienne un rôle actif pour accompagner cette mutation nécessaire [promouvoir un esprit de coopération, pour contrer les effets négatifs d’une compétition exacerbée] et faire ainsi que chaque individu puisse concrètement s’inscrire dans une « relation gagnant-gagnant ».


[1] Dominique Bourg – Les scénarios de l’écologie – Edition Hachette.

[2] L’association Aye-Aye environnement s’est spécialisée dans la mise en place de nouveaux « espaces de médiation » pour notamment permettre au public de mieux comprendre le concept de développement durable et de s’approprier l'enjeu qui lui est associé, la "Biodiversité".

Pour aller plus loin :

Démarche non mercantile de valorisation de la biodiversité à travers la diffusion des connaissances, la diversité des points de vue et l'usage coopératif du multimédia.