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Recomposer nos relations

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Recomposer nos relations

Ecrit par Baptiste Napoli dans Bio-Scène le 25 déc 2020

Par Baptiste Napoli - Etudiant en Sociologie à toulouse


Les relations sensitives

Le jour se lève, les paupières de Bobby le sont depuis une heure ou deux déjà mais la lumière de son téléphone l’empêche de voir qu’il fait beau dehors. Bobby est un humain déshumanisé, il a perdu ses sens : sentir l’air frais matinal, écouter le gazouillement des oiseaux, apprécier le lever du soleil, voir le ballet folklorique des arbres aux vents, toucher l’herbe humide de la rosée… Ces « relations sensitives » sont abolis au profit de « relations virtuels ».

Son écran de téléphone lui offre beaucoup plus de stimuli à la seconde, son intention est sans cesse mobilisé, le poussant à passer ses journées rivées sur les écrans, les vidéos, les réseaux sociaux, les pubs dans la rue ou le métro, et autres stimuli virtuels.

Bobby a perdu ses « relations sensitives », tout comme la plupart des Boubichoua. Les boubichoua est un peuple d’humains mécanisé et en voie de transhumanisassions, qui tentent depuis 2 siècles déjà, d’ériger et d’imposer sa vision du monde aux autres peuples. Persuader que l’Homme doit s’émanciper du vivant pour tendre vers l’Homme-machine, rationnel, efficace, dénuer de défaut tel un algorithme. Les Boubichoua ont inventés l’industrialisation, l’artificialisation et la virtualisation de nos relations aux vivants, au nom du progrès.   

Bobby continue sa journée, il doit se dépêcher, car il doit partir travailler dans un bureau où se trouve… un ordinateur, afin de constituer les dossiers qui permettront à sa boîte de faire plus d’argents dans un marché ultra compétitif. Les Boubichoua travaillent pour faire tourner la machine du progrès, celle qui détruit nos « relations sensitives », alors mêmes que certains Boubichoua s’en offusquaient et comprenaient que ce monde marchait sur la tête.

« Nous sommes trop mécanisés, et nous manquons d’humanité,
nous sommes trop cultivés et nous manquons de tendresses et de gentillesses,
sans ces qualités humaines la vie n’est plus que violence et tout est perdu »
Charlie Chaplin dans The Dictator.

Pourtant les boubichouas ont continués, tête baisser à faire tourner la machine et ont finis par oublier que sans ces « relations sensitives » leur peuple s’éteindra.

Un beau jour, Bobby apprend que sa boîte a fait faillite car elle a trop fait tourner la machine qui détruisait ces « relations sensitives », tout comme les autres boîtes qui comme elles, voulait se faire plus d’argent, ont fait faillite.

Bobby est paniqué, il a perdu son job qui lui permettait de vivre, mais au bout de deux semaines, il apprend peu à peu à (re)développer ses relations perdues avec le vivant. Il apprend que même sans argent il peut vivre et subvenir à ses besoins et à celle de la communauté des Boubichoua en comptant sur la coopération, la solidarité et la bienveillance, plutôt que sur la compétition, l’individualisme et la rationalité. Il a appris un retour à l’essentielle, aux relations qui compte vraiment celles qui se passent dans la vie réelle avec les autres humains mais aussi avec les autres êtres vivants et l’écosystème dans laquelle il retisse des relations d’interdépendances.

Démarche non mercantile de valorisation de la biodiversité à travers la diffusion des connaissances, la diversité des points de vue et l'usage coopératif du multimédia.