Ecosystème… Un mot de plus en plus courant dans notre langage, et c’est probablement un bienfait ! Mais ce terme reste parfois encore flou et on peut éprouver quelques difficultés à faire passer une définition claire dans la sphère sociale.
Historiquement, ce concept est né d’une science nommée écologie (rien à voir avec l’écologie politique…). Créée en 1866 par Ernst Haeckel, célèbre philosophe et biologiste allemand, l’écologie envisage l’étude des êtres vivants sous un jour nouveau.
Auparavant étudiés en laboratoire et de manière individuelle, les animaux sont dès lors suivis dans leur habitat « naturel ». On parlait alors à cette époque « d’autécologie » car les chercheurs ne s’intéressaient qu’à l’espèce, et non aux facteurs environnants. Il fallut attendre quelques années pour réaliser que les éléments physico-chimiques du milieu ainsi que les autres espèces, étaient primordiaux pour comprendre l’individu étudié dans sa globalité. Arriva alors le terme de « synécologie », symbolisant la prise de conscience des biologistes d’un fait nouveau : les organismes interagissent ensemble et modifient le milieu qui, en retour, agit sur ces organismes. Il n’était plus possible d’étudier une espèce sans s’intéresser aux répercussions de celle-ci sur les autres espèces et sur son environnement, ainsi que ce qu’elle « subissait » en retour.
Avec cette nouvelle discipline, est né son vocabulaire associé et un nom fut inventé pour désigner l’ensemble des êtres vivants dans leur environnement ainsi que les interactions entre eux.
Le terme d’écosystème vit donc le jour, proposé en 1935 par le botaniste anglais George Tansley. Ces facteurs « biotiques » et « abiotiques » en perpétuelle interaction vont former un système naturel qui va tendre vers un état théoriquement stable, dit « climacique » (le « climax » correspondant à un écosystème en équilibre). Mais stable ne veut pas dire figé : il peut néanmoins évoluer et s’adapter à diverses situations.
Va alors se créer un réseau d’interdépendance qui permettra le maintien et le développement de la vie dans ce système. La taille de ce réseau peut être plus ou moins importante, du simple habitat – un étang par exemple – jusqu’au macro-écosystème de taille continentale.
…C’est ainsi que nous sommes subreptissement arrivés à nous représenter l’idée d'un biome, d'une écosystème et d'un habitat "comme un ensemble d'interactions faisant partie d’un tout".
Toutes ces unités structurales de base vont former la biosphère (voir le chapitre II - « La biosphère, condition nécessaire à la vie ») : mince couche superficielle de la Terre occupée par les êtres vivants. Tout cela mène de nos jours à la notion de diversité du vivant. Celle-ci se décline en diversité écologique (les milieux), diversité spécifique (les espèces), et diversité génétique (variations au sein même d’une espèce). Ainsi donc, tout ce qui nous entoure fait partie d’un grand ensemble par ce qu’on illustre désormais (et de façon parfois réductrice) la biodiversité => la faune, la flore, les milieux…
Mais est-ce bien suffisant ? Ne manque-t-il pas une composante qui, elle aussi, interagit de façon non négligeable ?
Nous excluons en effet trop souvent un acteur fondamental : l’Homme ! Et pourtant, nous appartenons bien à cette diversité spécifique en tant que représentant de l’espèce Homo sapiens sapiens (l’espèce humaine, prétendument 2 fois sage…). Le concept d’écosystème devrait donc nous rappeller que si une espèce ou un milieu disparaissent, ce n’est pas seulement leur perte qu’il faut déplorer, mais le réseau d’interactions tout entier (dont chacun fait intrinsèquement partie) qui est menacé.
Cette compréhension de la notion d'écosystème est donc fondamentale, car elle permet normalement de d'intégrer la responsabilité de l'espèce humaine dans ses interactions avec son milieu, qui non seulement influence désormais la biosphère tout entière, mais fait de plus en plus peser le risque de perturbations irréversibles.
C’est ainsi que cette vision "écosystémique" permet à son tour de faire émerger le concept de « Biodiversité » vers la fin des années 80 et dont on parle tant aujourd’hui (ce terme est-il correctement compris, c’est une autre histoire que nous évoquons dans notre article - « Biodiversité, les enjeux qui se cachent derrière ce néologisme »).